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Méninges nomades
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Méninges nomades
28 septembre 2011

CHAPITRE 4 | LE TEMPS CARCÉRAL

La thématique du temps reste intimement liée à celle de l'univers carcéral. Ici, je m'intéresse donc au temps de la détention, à cette donnée primordiale pour les détenus et pourtant tellement insaisissable. Je me demande s'il ne serait pas intéressant de lui donner de la matérialité, de la rendre palpable dans une optique de sensibilisation d'un jeune public par exemple.
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MATÉRIALISER LE TEMPS DE LA DÉTENTION

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Pour ce faire, je m'intéresse au cas d'Yvan Colonna, né en 1960. En m'appuyant sur l'espérance de vie moyenne d'un homme français (78,1 ans), il est possible d'estimer l'année de sa mort à 2039. Libre depuis sa naissance, il est condamné en 2007 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, pour l'assassinat du préfet Claude Érignac. Ainsi, cet agenda permet de matérialiser le temps de sa détention, proportionnellement à la durée estimée de sa vie... La tranche de l'agenda est colorée : sa vie d'homme libre, de 1960 à 2007, est symbolisée par le blanc. En noir : sa période de sûreté de 22 ans ; et enfin en gris : ses dernières années de vie, peut-être en détention...
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L'ENNUI

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Tuer l'ennui en cellule est une des priorités souvent évoquées par les détenus... Dans ce court extrait de L'étranger d'Albert Camus, le personnage principal est incarcéré. Il explique que pour tuer le temps, il s'adonne à un petit exercice quotidien : il tente de se remémorer le plus précisément possible un espace autrefois familier (sa chambre). Plus le temps passe, plus son souvenir semble s'affiner. Des détails lui reviennent peu à peu, sans qu'il sache finalement si son souvenir reflète la réalité, ou si c'est son imagination qui lui joue des tours. C'est donc une mise en forme de cet extrait que je propose ici : je procède par découpe du support, feuille par feuille, ligne par ligne, mot par mot. En effectuant cette tâche répétitive, je cherche à m'infliger un exercie similaire à celui que s'impose le personnage principal de L'étranger. Par ailleurs, cette mise en relief littérale du texte rejoint l'idée du souvenir sous forme de strates plus ou moins profondes.
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Il s'agit ici d'une seconde proposition de mise en forme du même texte d'Albert Camus. Le livre ne possède ni début ni fin, et le même texte est imprimé sur chacune des pages. L'idée est de proposer une relecture de ce même extrait à chaque nouvelle page, en lui infligeant à chaque fois une opération toute simple : il peut s'agir de ne garder que les consonnes, de ne garder que les voyelles, de ranger la totalité des signes typographiques contenus dans l'extrait par familles, de ne conserver que le blanc de la page etc.

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